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La France forte et ses métadonnées

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L’affiche de campagne de Nicolas Sarkozy crée l’événement. Elle est abondamment détournée et l’image publiée par lefigaro.fr a permis à @shloren d’établir que la photo de paysage marin qui figure en fond a été prise en Grèce.

L’analyse ayant conduit à cette identification est décrite sur de nombreux sites, par exemple Pcinpact, Numerama, lejdd.fr.

Le présent billet prend prétexte du sujet pour ajouter quelques précisions, et expliquer surtout l’articulation entre les différents types de métadonnées qu’une image numérique peut contenir. La question de leur convergence possible vers une seule technologie (XMP) est aussi abordée à l’occasion de la récente publication d’un nouveau standard.

Rappelons tout d’abord brièvement qu’une image numérique fixe (jpeg ou tiff) peut comporter essentiellement trois catégories de métadonnées embarquées, c’est-à-dire stockées dans le fichier image:

  • les informations IPTC/IIM (Information Interchange Model) définies dès 1991 par l’IPTC (International Press and Telecommunications Council) – organisation internationale qui développe des standards d’échange de données pour la presse. Leur succès vient de l’adoption du modèle par Adobe en 1994 pour définir dans Photoshop les informations associées à une image. Ces “champs IPTC” sont renseignés manuellement lors de l’indexation de l’image. Le format est considéré comme obsolète par l’IPTC et remplacé par un nouveau standard basé sur XMP (voir ci-dessous). Les anciens champs IPTC demeurent néanmoins toujours très utilisés par les professionnels.
  • les données EXIF (EXchangeable Image File) qui sont des informations d’ordre technique contenues dans l’image. Le format Exif a été développé en 1995 par les industriels japonais regroupés au sein du JEIDA, devenu ensuite le JEITA (Japan Electronics and Information Technology Industries Association). C’est un standard de fait car il est supporté par tous les fabricants d’appareils numériques (avec des variantes propriétaires). Les coordonnées GPS sont stockées dans les données Exif. Presque toutes les données Exif sont renseignées automatiquement par l’appareil lors de la prise de vue.
  • les données XMP (eXtensible Metadata Platform). Le format XMP a été créé par Adobe en septembre 2001. Il utilise une version simplifiée de RDF (Resource Description Framework), modélisation développée par le W3C et base du Web sémantique. XMP est désormais un standard ISO (partie 1 ici).

Lorsqu’elles sont présentes dans une image, ces informations sont évidemment stockées en des endroits différents du fichier. Cette dispersion explique d’ailleurs que l’usage d’outils inappropriés peut introduire de graves discordances entre les métadonnées lorsque les processus de synchronisations ne sont pas respectés entre IPTC/IIM, Exif et XMP.

Contrairement à ce que l’on peut lire très souvent, l’affiche de campagne de NS ne comporte pas seulement des données Exif. Elle contient les trois types de métadonnées – IPTC/IIM, Exif, XMP – maintenues en cohérence lors des traitements réalisés avec Photoshop CS5 Macintosh. Leur analyse immédiate (image ci-dessous) fournit les renseignements les plus importants qui ont permis de retrouver l’agence commercialisant la photo (Tetra Images) et d’établir qu’elle a été prise en Grèce.


Une recherche de la photo originale avec le nom d’objet IPTC (le numéro 129309779) ne permet pas de retrouver celle-ci sur l’agence Tetra, mais elle est présente dans le cache de Google chez Jupiter Images et avec cette référence. Il est probable que ces agences l’ont supprimé de leurs collections à la suite du buzz sur l’affiche.

La photo est par contre distribuée sous d’autres références par Fotosearch, InMagine et WebStockPro. L’analyse des données Exif de cette dernière fournit la date de prise de vue du cliché initial, le 28 mai 2011.

L’examen précis des données XMP montre aussi que la photo a subi du 12 au 14 février 2012 une série de 38 modifications à l’aide de Photoshop CS 5 Macintosh. L’affiche a donc sans doute été réalisée un peu précipitamment, ce que semble confirmer d’ailleurs la présence des métadonnées, indice d’un travail de studio que l’on est en droit de juger assez peu professionnel.

Métadonnées des images numériques – vers le tout XMP ?

La plupart des outils modernes de gestion des métadonnées des images maintiennent une parfaite cohérence entre les données IPTC/IIM et XMP. Autrement dit, Adobe et les principaux acteurs du secteur n’ont toujours pas abandonnés l’ancien standard IPTC/IIM. La conversion complète des métadonnées descriptives à XMP, engagée depuis presque 10 ans maintenant, n’est pas encore achevée. Le poids des habitudes et le manque d’intérêt des professionnels pour les possibilités de XMP expliquent que le changement de standard est très lent.

Le 30 janvier dernier, le CIPA (Camera & Imaging Products Association), organisme qui regroupe la plupart des fabricants japonais d’appareils photos numériques, a publié un nouveau standard qui pourrait accélérer le processus de migration vers XMP.

Ce standard nommé Exif 2.3 metadata for XMP établit une correspondance entre les données Exif et leur expression en XMP. Il entérine en fait une pratique déjà mise en œuvre dans les versions récentes de Photoshop, mais il a désormais force de standard pour les plus importants fabricants d’appareils. L’intérêt n’est probablement pas à rechercher du côté des performances; ce n’est guère un problème pour un programme de gérer des données en trois endroits différents dans une image, et les versionnings utilisés avec XMP rendent de fait la nouvelle technologie plus lourde (légèrement) que la lecture/écriture des actuelles données Exif.

Il est encore trop tôt pour juger de l’avenir de cette initiative. On peut remarquer toutefois que l’analyse d’images produites directement par le nouveau Nikon D4, en prenant soin donc de sélectionner des images qui n’ont pas transité par des logiciels de traitement, montre que cet appareil produit nativement un segment XMP vide.

L’une des hypothèses circulant actuellement chez les spécialistes des métadonnées est que Nikon pourrait produire directement les information Exif au format XMP à l’occasion d’une évolution de firmware (ce n’est qu’une hypothèse, attention).

Si l’implémentation de ce nouveau standard se confirme, ce serait un pas important vers la convergence technologique des différents standards d’expression de métadonnées qui traînent un lourd historique et peuvent apparaître hétéroclites. Ce serait aussi la première fois que des métadonnées générées automatiquement (Exif) et des métadonnées rédigées par des humains (IPTC/IIM) seraient codées dans une même structuration RDF, ce qui conduirait, à terme, à une vaste collection de données facilement exploitables par les outils du Web sémantique.


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